Lorsqu'en 1868, sous le règne de Napoléon III, le canal fut construit, il fut aussi question d'ériger un pont appelé à franchir le canal ainsi que la Sarre afin de faciliter les va-et-vient entre Kleinblittersdorf et Grosbliederstroff, villages frontaliers reliés jusqu'alors par un bac. A cette même époque, une ligne ferroviaire devant relier Sarrebruck à Sarregueminesétant eu construction, le maire d'alors, M. KARST, puis son successeur, M. DOUB, demandèrent à la préfecture de Metz, d'autoriser la construction d'un pont à deux voies traversant le canal et la Sarre. Cette autorisation leur fut refusée.
La guerre, qui suivit bientôt mit provisoirement un terme à l’entreprise. En 1873, le conseil municipal, avec à sa tête le maire, M. Jean DOUB, souleva de nouveau la question de la construction du pont. On espérait, de la part des administrations prussienne et lorraine, une contribution d'un tiers aux dépenses, ce qui fui également refusé.
La commune ne perdit pas courage. Elle savait maintenant, que pour atteindre son but, elle ne pouvait compter sur aucune aide extérieure. Certes, la réalisation serait plus longue, mais non remise en cause. En 1877, le projet avait déjà pris une forme plus concrète et le public commençait à s'intéresser à cette réalisation. La "Saarbrücker Zeitung", par voie de presse, prit fait et cause pour la construction du pont. Une souscription, ouverte dans la commune et à laquelle participèrent les commerçants et les particuliers, rapporta 7 000 marks.
La commune de Kleinblittersdorf s'engagea pour 6 000 marks, mais sollicita, en contrepartie, avoir voix au chapitre pour les décisions à venir. Ce droit lui fut refusé car le village de Grosbliederstroff devait assumer seul les risques et les responsabilités. Mais la véritable difficulté consista à obtenir un prêt dont le remboursement se ferait grâce à un péage demandé à ceux qui allaient franchir le futur pont. Les travaux à réaliser, étaient, quant à eux, considérables ; il fallait assurer l'approvisionnement des matériaux de construction, sable et pierres calcaires pour le pont, qui comportera deux voies de circulation, ainsi que ceux pour le trottoir destiné aux piétons, le garde-fou et, par la suite, l’escalier tournant pour accéder à l'île.
Le 14 août 1879, l’adjudication des travaux est annoncée. Le 21 août, la Société Richard Schmidt de Luisenthal est chargée de l'exécution des travaux. Le 1 septembre, la Société Schmidt débuta les travaux.
Le 1er octobre 1880, le pont, avec ses 6 piliers, était franchissable pour les piétons bien qu’encore démuni de garde-fou. Une maisonnette fut bâtie à gauche du passage et à partir du 1 janvier 1881 les tarifs de péage, affichés sur chacune des rives, entrèrent en vigueur, car le pont, complètement achevé, permettait le passage des véhicules et des piétons qui circulaient en toute sécurité.
La commune de Grosbliederstroff, avec à sa tête M. Jean DOUB et ses conseillers municipaux, a réalisé une œuvre, qui par son esthétique et son utilité, mérite encore aujourd’hui, des éloges. Seul un fait de guerre (1939) vint à bout de cette imposante construction. A droite du pont, s’élevait un monument, sur le socle duquel était gravé le nom de tous ceux qui avaient participé à sa construction et, au-dessus, la statue de Saint Jean-Baptiste.
Le coût total du pont se chiffrait à 120 000 marks. Il est évident que commerce et échanges se trouvaient favorisés et cela principalement grâce à la ligne de chemin de fer.
Ce développement permit une suppression rapide du péage (1897), le pont étant alors intégralement payé.
Vers 1905, la commune fut dans l’obligation de demander la prise en charge de l’ouvrage, par l’autorité concernée, car elle ne pouvait plus faire face aux dépenses nécessaires à son entretien. Cette requête ne fut acceptée que 25 ans plus tard.
Le pont fut détruit en 1939, dès les premiers jours de la seconde guerre mondiale.
C'est seulement en 1949 qu'une passerelle piétonnière, enjambant le canal, fut construite pour permettre aux habitants d'emprunter le bac traversant la Sarre.
De 1952 à 1964, Anna BÄHR, fit traverser la Sarre à bon nombre d'habitants résidant de chaque côté de la frontière.
En 1964, un pont au dessus de la Sarre fut édifié. Ce pont était un ouvrage de "seconde main", en l'occurence le "Kummersteg" de Sarrebruck, qui avait été démonté et qui se trouvait à côté de l'actuelle Wilhelm-Heinrich Brücke, construite de 1959 à 1961.
Enfin, c'est en 1993 que fut mis en service l'actuel pont piétonnier, nommé Pont de l'Amitié, qui relie directement les villages de Grosbliederstroff et de Kleinblittersdorf.